48h pour parler du rôle de la radio dans la gestion des personnes déplacées internes. C’est le thème principal de la troisième édition du Festival international des radios d’Afrique francophone (FIRAF) qui se tient du 11 au 13 février 2022 à Bobo Dioulasso (Burkina Faso), le dernier jour étant consacré à la Journée mondiale de la Radio.
En ouverture du festival qui rassemble une centaine de professionnels des médias, le commissaire général du FIRAF, Abdoulaye Ouattara, tout en rappelant l’intérêt du thème « quelle contribution de la radio dans la gestion des déplacés internes » ?, remercie les partenaires de cette édition dont Reporters solidaires et le Réseau d’initiatives de journalistes (RIJ). Pour Louis Gansoré s’exprimant au nom du RIJ, « la radio, média de proximité par excellence, a un rôle important à jouer dans l’information et la sensibilisation des populations à travers un traitement professionnel de l’information ». Christine Cognat rappelle la collaboration entre le FIRAF et son association Reporters solidaires (RS) qui, à chaque festival, facilite la participation de festivaliers étrangers.
Cette troisième édition est en effet marquée par la présence d’une quinzaine de journalistes inscrits en master 2 à l’Université Nazi-Boni de Bobo-Dioulasso, dont certains viennent du Bénin, de la RDC et du Sénégal. Ils ont pour mission de réaliser ce FIRAF INFO en collaboration avec RS. Romaine Raïssa Zidouemba représentant la Direction générale des médias au ministère de la Communication salue pour sa part l’engagement des organisateurs qui ont tenu le pari d’organiser cet évènement en dépit d’un contexte sociopolitique difficile.
Journalistes et élus locaux face à la crise sécuritaire
L’acte 2 consiste en une table ronde sur la crise sécuritaire. Les maires de Fô et de Faramana, dans la province du Houet, le journaliste Hama Cissé venu du Sahel burkinabè et l’imam El Hadj Ahmad Sanogo de la communauté musulmane exposent tour à tour leurs expériences de la crise sécuritaire. Après avoir reçu deux fois des menaces par téléphone venant de « gens de la brousse », Hama Cissé avoue être obligé d’autocensurer les sujets sur les actes terroristes. Selon le maire de Faramana, commune située à la frontière du Mali, « chaque jour des individus armés non identifiés traversent les villages de la commune ». « Ils n’ont même plus peur des Forces de défense et de sécurité (FDS) puisque les attaques se font de jour comme de nuit contre le poste de douane de Fô », ajoute le maire de cette commune qui en a été témoin.
Une table ronde animée par Romaine Raïssa Zidouemba et Jean Carème Kaboré, journaliste, aborde ensuite la question de la spécialisation des journalistes : « quels journalistes pour quelles informations liées à la crise sécuritaire ? » Les deux intervenants rappellent qu’une crise ne se traite pas comme n‘importe quel autre sujet. Pour eux, il y a lieu d’appliquer les principes du Journalisme sensible aux conflits (JsC), notamment de rechercher toujours les causes profondes de la crise, de se tenir à équidistance des protagonistes, de proposer des solutions de sortie de crise, etc. Les festivaliers constitués essentiellement de professionnels et d’étudiants d’écoles de la communication montrent un grand intérêt pour ce débat en posant des questions et en apportant leurs propres témoignages.
La radio, solidaire des déplacés internes
Le jour 2 du FIRAF commence par les communications de la Fondation Hirondelle et de Radio rurale internationale, deux ONG présentes au Burkina Faso. Martin Faye et Isabelle Nitiéma relatent l’expérience de la Fondation Hirondelle qui à travers son studio Yafa met en place un programme radiophonique « Radio Yafa » à l’intention des déplacés internes. Il s’agit d’une émission de trente minutes diffusée tous les samedis depuis octobre 2021 sur un réseau de 40 radios. Un programme 100 % radiophonique qui donne aux déplacés internes des informations pratiques fournies par des correspondants vivant dans les camps ainsi qu’un soutien psychologique et sanitaire.
Le FIRAF 2022 se conclut par la Journée mondiale de la Radio qui est célébrée chaque 13 février. Le thème de cette année, « Radio et confiance » , est traité par Martin Faye qui rappelle l’importance de la radio dans le monde et en particulier en Afrique: « c’est le média le plus consommé et l’information est une denrée essentielle », martèle-t-il. Il relève cependant un manque de rigueur professionnelle qui décrédibilise de plus en plus l’information radiophonique et crée une désaffection ou un défaut de confiance. Aussi invite-t-il les professionnels au respect des règles légales, éthiques et déontologiques.
Cette dernière communication fait place à la cérémonie de clôture de la 3è édition du FIRAF. C’est l’occasion de remettre des attestations de reconnaissances aux partenaires du FIRAF que sont Reporters solidaires et le RIJ avant la proclamation des résultats du concours radiophonique organisé comme à chaque édition par le FIRAF. Ce concours est ouvert à tous les journalistes radio de la sous-région qui devaient envoyer leur reportage sur le thème de l’insécurité et des personnes déplacées. Ce sont deux journalistes maliens qui remportent les deux premiers prix, la troisième place étant obtenue par une journaliste burkinabè. Avant de se séparer et de se donner rendez-vous pour la 4è édition, les festivaliers adoptent une recommandation demandant aux autorités politiques de prendre des mesures fiscales plus favorables aux radios.
— Fousséni Kindo/Boukari Ouoba