Le 24 janvier 2022, le Burkina Faso a connu une rupture de l’ordre constitutionnel. Les militaires ont pris le pouvoir dans un contexte de grave crise sécuritaire marquée par des milliers de morts depuis 2015 et surtout le déplacement de populations fuyant leur village à cause des attaques terroristes. Cette crise humanitaire est au cœur de toutes les préoccupations du moment.

Un million cinq cent mille. C’est le chiffre officiel du nombre de personnes déplacées internes (PDI) au Burkina Faso. Jadis pays tranquille, le Burkina Faso est dans une spirale de crise politique et sécuritaire depuis 2015. Les attaques terroristes parties de la région du Sahel ont progressivement gagné la quasi-totalité des régions du pays et particulièrement celles du Centre-nord et de l’Est. Les exodes de villageois qui étaient moins perceptibles au début des attaques ont commencé à prendre une tournure importante avec des déplacements massifs de populations venant de ces régions.

Création spontanée de sites informels

En charrette, à dos d’âne ou à pied, plusieurs vagues de personnes ont fui leur localité à partir de 2017. A la crise sécuritaire s’est ajoutée depuis lors une crise humanitaire aigüe. Des camps de déplacés internes se sont constitués comme ceux de Foulbé et de Barsalogho dans le Centre-nord. Au-delà de ces camps officiels et formels, plusieurs sites spontanés de déplacés internes ont vu le jour dans les régions à haut défi sécuritaire. Le ministère en charge de l’Action sociale, rebaptisé ministère de l’Action humanitaire pour prendre en compte la situation, peine à répondre aux défis de l’heure. Plusieurs ONG s’investissent donc dans la prise en charge des PDI qui manquent parfois de tout : alimentation, soins de santé, éducation, logement, etc. Le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et Plan Burkina, interviennent dans plusieurs régions en apportant leur assistance aux déplacés internes.

Les femmes et les enfants dans une situation dramatique Les crises affectent généralement les femmes et les enfants de manière plus sévère et particulière. A la date du 17 juin 2020, alors que les déplacés internes étaient estimés officiellement à 921.471 personnes, on comptait 23,12% de femmes, 60,56% d’enfants et 16,32% d’hommes, selon un rapport du Conseil national de secours d’urgence (CONASUR). Parmi les enfants, le cas des élèves constitue une réelle préoccupation. En janvier 2022, on dénombrait 3 280 écoles fermées au Burkina Faso, selon les sources gouvernementales, avec pour conséquence 511 221 élèves qui se retrouvent en situation d’abandon scolaire.

Des familles solidaires des déplacées internes

Les PDI sont accueillis chez des parents, des amis, ou simplement des tierces personnes par humanisme. Quand elles sont débordées, ces familles d’accueil trouvent des maisons de fortune dans les zones non loties à la périphérie des villes. Officiellement à Bobo-Dioulasso (région des Hauts-Bassins), le gouvernement n’aménage pas de site dédié aux personnes déplacées. Néanmoins, une prise en charge d’urgence pour l’alimentation et les soins est prévue même si elle est insuffisante selon les intéressés.

Dans son premier discours à la Nation, le Lieutenant-Colonel Sandaogo Damiba, a promis que sa priorité reste la lutte contre le terrorisme et le retour des personnes déplacées internes dans leurs localités respectives. Le discours rassurant des nouvelles autorités est le dernier espoir des PDI dont la prise en charge par le gouvernement est restée jusque-là insignifiante.