Du 7 au 13 février 2022, s’est tenue à Bobo Dioulasso la 3e édition du Festival international des radios d’Afrique francophone (FIRAF). Ce festival qui rassemble à chaque fois une centaine de participants est devenu un lieu incontournable d’échanges et de réflexion.

Le FIRAF est né en 2019 de la volonté d’Abdoulaye Ouattara, ancien stagiaire de Reporters solidaires et titulaire du Master 2 en Journalisme de l’Institut de la Communication (ICOM) de l’Université Lumière-Lyon 2. La première édition a eu lieu en février 2019 sous le thème : « Radio et lutte contre le terrorisme. Responsabilité sociale et obligations professionnelles du journaliste », avec la participation de représentants des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) dont les relations avec les journalistes sont souvent tendues, par manque de connaissance réciproque. Des participants venus du Nord du Burkina et du Mali ont pu à cette occasion témoigner de leurs difficultés à exercer leur métier, pris en étau entre les terroristes et ceux qui les combattent, chaque partie les accusant de complaisance envers l’autre.

La deuxième édition s’est déroulée en février 2020 à Bobo Dioulasso sous le thème : « Radio et migrations ». Dans un contexte mondialisé, où le phénomène des migrations irrégulières gagne du terrain avec ses lots de conséquences et de malheurs, les radios d’Afrique francophone ont un rôle à jouer en informant les populations non seulement sur ses dangers mais aussi sur les alternatives à l’émigration et sur les initiatives prises par les institutions, les acteurs économiques, les associations et la société civile pour freiner le mouvement. Là aussi, de nombreux témoignages, notamment d’une ONG accueillant des migrants à Gao, ont mis en valeur le côté humain de ce phénomène international. Il faut rappeler que 80% des Africains migrent dans un pays voisin de celui dont ils sont originaires. Les autres connaissent trop souvent une fin dramatique en Lybie ou en Méditerranée ainsi que le montre le documentaire de Reporters solidaires « Lyon-Conakry : le défi des migrations » projeté lors du festival.

En 2021, la troisième édition du FIRAF a été reportée en raison de la pandémie de Covid-19. Elle a eu lieu finalement en février 2022 sur le thème des radios et des personnes déplacées internes (PDI) suite aux attaques terroristes. Rien qu’au Burkina Faso, elles sont plus d’un million et demi à avoir quitté, le plus souvent dans l’urgence, leur village, leurs terres et leur famille du nord ou de l’est du pays pour se réfugier dans les grandes villes comme Bobo-Dioulasso. La radio constitue dans ce cas un outil précieux pour accompagner ces personnes dans leur langue natale et alerter les autorités sur leur situation.

Selon Abdoulaye Ouattara, initiateur du FIRAF, le festival a été pensé et conçu pour magnifier la radio, qui reste et demeure le media le plus suivi en Afrique et dans le monde. « Le Burkina Faso abrite de nombreux festivals tels le Festival international de la liberté d’expression et de presse (FILEP) et les Universités africaines de la communication (UACO), mais le FIRAF se veut un festival dédié à la radio », explique –t-il. Ce n’est donc pas un hasard si les dates des différentes éditions du festival coïncident avec la Journée internationale de la radio fixée par l’UNESCO le 13 février. Chaque FIRAF se clôt par la remise de trois prix récompensant les meilleurs reportages radiophoniques effectués sur le thème du festival.