La Fondation Hirondelle a mis en place un programme radiophonique destiné aux personnes déplacées internes (PDI). Isabelle Zirwaoga Nitiéma est la coordinatrice des radios partenaires du Studio Yafa.
Qu’est-ce que le Studio Yafa ?
Le studio Yafa est un studio de production mis en place au Burkina Faso par la Fondation Hirondelle, une organisation suisse qui apporte du soutien aux populations confrontées aux défis de crises sécuritaires. Le studio Yafa est né avec la production d’émissions diffusées dans une dizaine de radios partenaires. Aujourd’hui en 2022, nous diffusons dans 40 radios partenaires et nous couvrons tout le territoire national.
En quoi consiste votre projet au Burkina Faso ?
En juin 2021 nous avons lancé une étude sur les besoins en informations des populations affectées par la crise sécuritaire. Sur la base des résultats de cette étude, en octobre 2021 nous avons lancé un programme 100% humanitaire que nous avons appelé Faso Yafa, Yafa pour dire la paix chez vous, la paix au Faso, la paix sur les sites des déplacés internes. Il s’agit d’un programme radiophonique de 30 minutes qui est diffusé tous les samedis sur l’ensemble de notre réseau de radios partenaires. Les horaires de diffusion vont de 17h à 20h parce qu’il y a des radios qui ferment très tôt à cause de l’insécurité.
Pouvez-vous nous détailler ce programme ?
À l’intérieur de ce programme vous avez des reportages, mais on fait surtout du journalisme utile. Ces reportages sont réalisés dans les camps par une quarantaine de correspondants formés à cet effet. Pour des raisons de sécurité vous n’allez jamais entendre la véritable identité des personnes que nous interviewons, on essaie de masquer également la localité. Dans ces programmes vous avez également de la musique live de chez nous et ce qui est important, c’est qu’après sa prestation, l’artiste donne toujours un message d’encouragement dans la langue locale, ce qui fait que cette partie est très appréciée par les déplacés internes.
Le divertissement est important pour ces déplacés internes ?
Oui, très important. C’est pourquoi nous diffusons « Momo et Nafou », un sketch de 30 minutes mis en place par la Fondation Hirondelle. Nous répondons aussi aux questions de santé posées par les personnes vulnérables, dans l’émission « Laafi kibar », avec un médecin ou un psychologue. Sans oublier la rubrique « Kibar Utile » ouverte aux ONG qui expliquent ce qu’elles font réellement et à quel moment une personne vulnérable peut entrer en contact avec elles.
Nous avons également une rubrique « Bonne arrivée » nous permettant de donner la parole en langue locale aux PDI et aux populations hôtes qui vivent en bonne harmonie. On alterne la rubrique « Bonne arrivée » avec une autre rubrique appelée « Initiatives » visant à proposer aux PDI des activités leur permettant de gagner dignement leur vie.
Quel est l’impact de ce programme radiophonique ?
C’est un peu tôt pour le dire parce que le programme a démarré seulement en octobre. En décembre nous avons eu une grande réunion pour mobiliser de nouveaux fonds parce que normalement le programme devait s’arrêter. Nous arrivons à collecter des informations directement auprès des bénéficiaires qui se trouvent dans les camps. En présentant ces données, les humanitaires se sont rendu compte qu’il fallait continuer ces émissions très utiles et ont débloqué des fonds. Par exemple, un groupe de femmes a créé une association après avoir écouté Faso Yafa, des personnes souffrant de maux de dos, de poitrine ou de ventre ont pu être guidées par un médecin et ont recouvré la santé après consultation. Ce sont des retours qui nous donnent du baume au cœur et nous permettent de continuer.
Est-ce que vous apportez une assistance en vivres ou matériels aux Personnes déplacées internes ?
Non, Radio Yafa est un programme 100 % radiophonique. Ce que nous apportons à ces personnes, en plus de l’information vraie, c’est un soutien psychologique et sanitaire. Grâce à notre carnet d’adresses d’ONG, il nous arrive souvent d’adresser à ces ONG des personnes vulnérables. Voilà pourquoi l’émission est très suivie. Nous espérons tenir ce programme au moins jusqu’à fin 2022.
— Yelkabo Somé/Boukari Ouoba