La radio joue un rôle majeur depuis 2015, date des premières attaques terroristes au Burkina Faso, dans le relais d’informations sur les Personnes déplacées internes (PDI) dans la région des Hauts-Bassins. C’est le cas de Radio Oméga et de l’antenne régionale de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) ou « radio Bobo », qui se sont investies pour alerter les citoyens sur les conditions de vie de ces exilés de l’intérieur.

Les camps de déplacés internes et les familles d’accueil sont intégrés dans le quotidien des populations de plusieurs régions du Burkina Faso en raison du contexte sécuritaire. Ce sujet suscite l’intérêt des médias et certains lui consacrent une part importante à travers des productions radiophoniques.

À Radio Oméga, les personnes déplacées internes (PDI) occupent une place de choix tant dans le menu du journal que dans la grille des programmes. Le journaliste Paul Soma raconte cependant ses difficultés pour recueillir et traiter des informations sur les PDI : « le plus grand obstacle, en-dehors de la distance à parcourir d’un camp de déplacés à l’autre, c’est le manque d’accès à l’information sur le terrain. Parfois, il n’y a aucun interlocuteur pour me répondre mais cela ne me décourage pas ».

En dépit des difficultés, des dossiers et des reportages sur les conditions d’installation des PDI sur les sites de Karangasso-Vigué, Kokoli et l’arrondissement 2 à Colma ont été réalisés. « Comme la règle l’impose », indique Paul Soma, « les autorités en charge de l’action humanitaire sont chaque fois informées de nos projets de reportage. Ces dernières nous délivrent ensuite des autorisations d’accès à ces sites ».

Porte-parole des sans voix

L’afflux de ces PDI prend des proportions inquiétantes comme peut le constater la RTB lors de ses déplacements à Banfora à Bounouna et à Nafona, des sites qui accueillent les déplacés en provenance de Mangodara. « Depuis 2020 la RTB Radio Bobo assure quelques couvertures médiatiques sur les personnes déplacées internes dans la localité, d’un point de vue institutionnel. Entre autres la remise de vivres (riz, huile, savon et lait), du matériel pour l’hygiène et l’assainissement », explique Brahima Sanou, rédacteur en chef de RTB Radio Bobo.

À titre personnel, il a également été sollicité par les autorités locales pour la réalisation d’un documentaire sur le soutien qu’accorde le maire, à titre privé, à ces personnes déplacées internes vivant à Bobo Dioulasso. « La situation est alarmante, par exemple dans le village de Kokoli dans l’arrondissement 5, il y avait des déplacés qui dormaient dans des huttes de culture, un constat qui n’a pas laissé le maire insensible. Il s’est investi pour les aider avec les moyens dont il disposait. Dans l’arrondissement 2, j’ai vu des femmes et des enfants en quête de nourriture à la mairie de Colma. Le maire leur a prêté une oreille attentive et a demandé aux services de l’action sociale de leur remettre vivres et matériel », ajoute Brahima Sanou.

« Le journaliste doit interpeller les conscience collectives. Considéré comme le porte-parole des sans-voix, il doit alerter les autorités pour qu’elles aient un égard particulier pour ces gens vulnérables », souligne le rédacteur en chef de la RTB Radio Bobo. Il raconte qu’il a des amis venus de Ouahigouya qui résident à Kodéni. « Ils ont fui leur ville la semaine dernière pour se retrouver à Bobo. En tant que frère, j’ai été sensible à leurs problèmes et ai décidé à titre personnel d’entrer en contact avec certaines structures en charge de l’action humanitaire afin de les prendre en charge. Dieu merci ils ont bénéficié de cinq sacs de riz et de nattes. Lorsque je vois nos opérateurs économiques qui ont promis de donner 400 millions aux Étalons pour leur sacre à la CAN 2021 et que ces derniers n’ont pas gagné, ne peut-on pas offrir cette somme-là aux personnes déplacées internes ? », conclut Brahima Sanou.

— Valentine Zoungrana/Nicole Ouédraogo