L’information sécuritaire fait la Une de la presse en Afrique de l’Ouest où les attaques armées se sont multipliées ces dix dernières années. On dénombre des milliers de victimes civiles et militaires décédées dans des conditions pas toujours claires. Un état de fait qui interpelle sur la spécialisation des journalistes devant fournir aux populations des informations vérifiées.

L’insécurité porte des tentacules non encore maîtrisées qui renforcent la soif d’information des citoyens et défient les journalistes. Les stratégies et modes opératoires utilisés dans les attaques armées qui mettent à mal la sécurité des populations dans la région ouest-africaine sont complexes. Cela est probablement dû à une certaine doctrine sanguinaire des bourreaux qui échappe encore au public. A l’occasion de la troisième édition du FIRAF, la question est posée de savoir si les journalistes doivent être formés spécifiquement au traitement des questions sécuritaires. Même si certains points de vue divergent, un consensus se dégage sur l’importance d’offrir au public les clés pour comprendre la réalité de cette barbarie.

Travail professionnel

Le métier de tout journaliste est la collecte, le traitement et la diffusion professionnelle de l’information. En conséquence de quoi, nous pourrions être amenés à penser qu’un bon journaliste doit pouvoir aborder les questions sécuritaires. Selon ce point de vue, la question sécuritaire est un champ d’intérêt comme tout autre domaine pour le journaliste. Il n’est donc pas nécessaire de se spécialiser pour en parler.

Cependant, on ne peut pas nier la spécificité que renferment les questions sécuritaires. Le public cherche non seulement à connaître l’identité des terroristes, leurs origines, mais aussi à comprendre leurs méthodes et toute la philosophie qui entoure leurs actions. Ce qui fait qu’au-delà du travail ordinaire qu’ils abattent, les journalistes font face à de nombreuses facettes de l’information qu’ils doivent explorer. Ils ne peuvent ni se contenter de généralités, ni d’analyses personnelles, encore moins de commentaires.

Spécialisation nécessaire

Les journalistes sont certes des professionnels de l’information. Ils sont censés être porteurs de nouvelles pour les populations. Mais ils ne sont pas des spécialistes de tous les domaines. Pour mieux servir l’intérêt du public et par souci de précision ou du détail, ils sont contraints de faire des efforts supplémentaires. Ce qui commande un certain réalisme dans la pratique : il faut bien se spécialiser.

Au-delà du traitement de l’actualité brûlante à laquelle tout journaliste est habitué, l’information doit être approfondie. Plus que jamais, les faits sur les attaques armées doivent être présentés, expliqués, analysés et commentés avec honnêteté et lucidité. À ce propos, Romaine Raïssa Zidouemba, coordonnatrice du Réseau d’initiatives des journalistes (RIJ) du Burkina Faso indique que dans un contexte de crise, « le journaliste doit être en mesure d’analyser les événements sociaux, politiques et alerter sur les risques ». Toute chose qui permet d’éclairer le public sur les conflits et même les non-dits.

Conclusion : les journalistes ont besoin de se spécialiser pour être plus performants.

— Amidou Kabré